Les écrevisses de Louisiane (Procambarus clarkii) originaire des zones marécageuses bordant le Mississippi est idéale pour l'élevage : elle se reproduit vite et s'adapte à tous les milieux.
Cette espèce américaine a un point fort, elle supporte très bien les eaux polluées, contrairement aux espèces françaises. Mieux encore, elle préfère les eaux victimes de l'activité humaine, riches en matière organique et pauvres en oxygène. Animal robuste, son invasion est très rapide (elle se reproduit trois fois plus vite que les autochtones) et les atteintes à l'environnement sont perceptibles. Elle creuse des terriers dans le sol (jusqu'à deux mètres de profondeur) et endommage sérieusement les berges. Elle s'attaque à la végétation et aux oeufs de poissons. Son autre arme pour se faire une place : sa résistance aux maladies. Mieux, elle est vectrice d'un champignon mortel pour les espèces françaises ! Ces propriétés exceptionnelles n'ont pas échappé aux éleveurs européens qui l'importèrent. Pour lutter contre cet animal performant mais redoutable, un arrêté a été pris en 1983, qui interdit l'importation, le transport et la commercialisation à l'état vivant. Aucun projet de limitation n'a été mis en place. Seules solutions pour freiner son développement : l'information auprès du public pour éviter sa dissémination et cette magnifique recette de « Paella aux queues d’écrevisses de Louisiane » pour favoriser leur génocide.
Tout d’abord, il faut pêcher une bonne centaines de ces vermines grâce à des nasses et la participation bien involontaires de quelques charognes à forte odeur(tête de mouton ou poisson faisandé). Ceci fait, il faut procéder au tri afin de libérer les pauvres écrevisses vertes de nos cours d’eau que l’on prendra soin de remettre en place (Ici, la verte.).
La deuxième étape consiste à faire ouvrir quelques moules(1 litre) et en réserver le jus( 1 litre) puis à plonger dans une cuillérée d’huile d’olive que l’on fera revenir dans un grand wok quelques pilons de .poulet, des poivrons verts émincés, des tomates aussi. On en profitera pour découper un chorizo fort préalablement dépouillé en fine rondelles et un bout de blanc de seiche dont on aura ôté la peau blanche et épaisse en rondelles un peu plus épaisses.
La troisième étape est un peu sanglante et ne s’adresse qu’à des personnes solides nerveusement. Il s’agit dans un premier temps d’attraper les crustacés à deux mains, mais pas comme ceci :
Il faut enserrer d’une main la queue et de l’autre, la tête et les pince afin que le monstre ne puisse vous couper les doigts. Puis d’une torsion brusque et ferme, séparer la queue du reste du corps. Attention, n’oubliez pas qu’il s’agit là d’un monstre digne d’Allien qui continuera à remuer des pinces et des pattes même après l’ablation totale de son appendice caudale.
Afin que le plat ne sente pas la vase et la charogne ayant servi à appater la bestiole, il est necessaire de lui ôter les ou plutôt le boyau. Comme celui-ci prend naissance quelque part dans l’ancienne tête de l’animal, il vaut mieux passer par l’autre bout c’est à dire opérer une torsion ferme au niveau des deux palpes centrales du bout de la queue et tirer. Le petit fil noirâtre qui en sort est justement l’intestin de l’animal. Il va directement à la poubelle avec les deux palpes. On prendra soin de réserver les plus grosses pinces.
Bon, il y a de la perte, Il faut le reconnaître la queue ne représente qu’un petit tiers de la bestiole. Passons à la phase quatre de l’opération, qui est somme toutes assez simple :
Vous versez le blanc de seiche et les queues dans le wok avec 125 grammes de riz par personnes environ(Un peu plus si vous souhaitez qu’il en reste pour un prochain repas), un peu de votre jus de moules et une pincée de safran ou de curcuma. Lorsque le riz a absorbé le jus, vous déposez les moules et le chorizo sur le dessus. Couvrez quelques minutes avant de passer à la dernière phase.
Dernière phase : Bon appètit !